mercredi 17 août 2011

"Les révolutions arabes ne sont que des coups d'Etat militaires masqués"

Extraits d'un article très intéressant au sujet des révolutions arabes et qui confirme leur caractère très douteux de la part d'un spécialiste qui ne pourra certainement pas être accusé de théorie-du-complot. A lire.
 Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2R), ancien du renseignement

(...)

Quelle lecture faites-vous du « printemps arabe » ?

(...) je ne crois pas à la spontanéité de ces « révolutions », qui étaient en préparation depuis plusieurs années. (...) Le processus était le même que celui qui a précédé le démantèlement de l'URSS, la Révolution serbe, la Révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie.

Mais pourquoi ont-elles éclaté en 2011 ?

(...)  dans la semaine précédant les événements, les plus hauts représentants des armées de Tunisie comme d'Égypte se sont rendus à Washington, qui assure l'essentiel du financement de l'armée, pour obtenir le feu vert des États-Unis à un renversement des dirigeants. 

Ils ne supportaient plus la prédation des clans au pouvoir.

Ces révoltes seraient donc des coups d'État militaires prenant le visage de mouvements démocratiques spontanés ? Les manifestants de la place Tahrir n'avaient pourtant pas l'air manipulés ?

En êtes-vous si sûre ? Il est tout de même étonnant que dans ce pays où existent un militantisme islamiste et un net sentiment anti-israélien, aucun slogan anti-israélien ne soit apparu pendant les manifestations. C'est bien l'indice d'une « révolution » sérieusement encadrée. 

Quant à la « nouvelle équipe » au Caire, elle comprend le chef d'état-major de l'armée ainsi que l'ancien chef du service des renseignements, et s'est immédiatement engagée à respecter (...) les accords de Camp David auxquels est hostile une large partie de la population.

Et en Tunisie ?

(...) La révolte y a été plus populaire et plus profonde qu'en Égypte, où les événements se sont, pour l'essentiel, limités à la place Tahrir. Mais comme au Caire, le nouveau gouvernement de Tunis comprend en majorité des collaborateurs de l'ex-président Ben Ali. (...)

L'Iran, en 1979, et l'URSS, en 1991, ont connu de vraies révolutions. Tout y a changé : les hommes, les institutions, les rapports internes, les relations internationales, etc. Rien de tel dans les événements récents. 

Il s'agit d'un renouvellement des classes dirigeantes qui ont, avec l'accord de Washington, organisé des coups d'État « en douceur », en profitant d'une vague de contestation populaire qu'elles ont intelligemment exploitée. (...)  pour Washington, c'est un « changement dans la continuité » modifiant peu l'équilibre régional, ce qui est étonnant pour des révolutions. (...)

Comment lisez-vous la situation actuelle ?

(...) dans les deux pays, un fossé inédit est apparu entre l'armée, qui sort grandie des événements, et la police, qui a longtemps assumé la répression des manifestants.(...) On pourrait voir une recrudescence de la criminalité nuisant à l'équilibre intérieur.  
Enfin, très vite, une partie de la population va réaliser qu'elle a été flouée. 
D'où de possibles chocs en retour et une reprise des émeutes. (...) les islamistes se sont pour l'instant montrés plutôt discrets. Mais jusqu'à quand ?

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