mercredi 17 août 2011

François Asselineau sur le sommet Sarkozy-Merkel

Sur la page facebook de l’Union Populaire Républicaine, les analyses toujours très intéressantes de François Asselineau au sujet du sommet Sarkozy-Merkel de crise de l’euro :

"= BINGO ! LE ROYAUME-UNI DIT "NO" AU PROJET DE TAXE SARKOZY-MERKEL =
Il n'aura pas fallu 24 heures pour que les Anglais torpillent cette proposition. Nos lecteurs sont témoins que je l'avais pronostiqué dès hier soir, sitôt connues les "décisions" du Sommet d'urgence franco-allemand
Nos lecteurs ont sous les yeux une énième illustration du "Stratagème des chaînes" que j'explique dans mes conférences.
Inventé par les stratèges chinois depuis des siècles, le "Stratagème des chaînes" est une ruse qui consiste à convaincre ses ennemis de s'entraver dans des liens absurdes et autobloquants qui leur ôtent toute mobilité, empêchent toute décision, et les laissent désemparés face à leurs adversaires.
Le "Stratagème des chaînes" est la ruse suprême mise en œuvre par les Américains, à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour neutraliser progressivement toute l'Europe à leur profit.
 Comment ? En conseillant à chaque État européen de se ligoter à ses voisins pour réaliser une mythique "construction européenne".
Washington a parfaitement prévu que
la divergence foisonnante d'intérêts nationaux contradictoires provoquerait non pas l'apparition d'un redoutable concurrent mais au contraire une pétaudière où toute décision serait impossible.
 Et comme une majorité d'États européens sont alignés sur les États-Unis, il en résulterait une Tour de Babel vassalisée par Washington. 

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Il s'agit ici d'un cas d'école : imposer des taxes sur les transactions financières est peut-être acceptable pour les Allemands et pour les Français ; mais est tout à fait inacceptable pour les Britanniques.
Et cela pour une raison aussi simple qu'imparable : 
la place financière de Londres - qui assure près de 25% du PIB britannique !
- risquerait d'être extrêmement pénalisée si une telle taxe n'était décidée qu'au seul niveau européen.
Il s'agit d'un enjeu majeur pour Londres. Les Britanniques ne pourraient accepter une telle taxe que si TOUTES les places financières mondiales adoptaient la même taxe : New York, Tokyo, Hong Kong, etc.
Autant dire que ce n'est pas demain la veille.
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Deux précisions importantes doivent ici être apportées :
  
1) Il ne faut pas imaginer une seconde que Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et leurs conseillers respectifs viendraient d'être pris au dépourvu par la réaction britannique.
Ils savaient au contraire mieux que quiconque que les Anglais mettraient leur veto à une telle proposition de taxe sur les transactions financières en Europe.  
S'ils ont lancé cette proposition, c'est donc dans le but cynique - mais de bonne guerre - de "refiler la patate chaude" à d'autres. Il s'agit de "mouiller" tout le monde dans le désastre en cours, et de ne pas laisser reposer uniquement la responsabilité sur les épaules de la France et de l'Allemagne.
Délicieuse "solidarité européenne", n'est-ce pas ?

Au passage, et à titre anecdotique,  
ce veto britannique renvoie les ténors du PS français à leur bêtise et à leur mauvaise foi abyssales. 
Après avoir crié haro sur Sarkozy parce que l'Allemagne a décidé de ne plus payer, que vont-ils faire désormais ? Crier haro sur Sarkozy parce que les Britanniques rejettent toute idée de taxe ? On peut reprocher bien des choses à Sarkozy mais on ne peut quand même pas lui reprocher que l'Allemagne soit allemande et l'Angleterre anglaise....
Tout cela n'est pas sérieux et témoigne que toute pensée libre, honnête et cohérente est morte au PS comme à l'UMP.

2) Par ailleurs, même si le sujet est mort-né, il n'est pas interdit de réfléchir aux arrière-pensées allemandes qui entouraient cette proposition de taxe sur les transactions financières intra-européennes.
Les autorités de Berlin n'ont-elles pas commencé à montrer le bout de l'oreille ? Ce projet n'en cache-t-il pas un autre - celui là même que j'évoquais dans mon dernier article paru sur Agoravox- et qui consisterait à  
rétablir progressivement un cloisonnement intra-européen sur l'ensemble des transferts financiers ? 
Du jour où l'on ne pourra plus transférer, librement et sans taxe, des euros d'un compte bancaire en Grèce vers un compte bancaire en Allemagne, on pourra considérer que l'euro sera virtuellement mort.

CONCLUSION
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Résumé du "Sommet" Sarkozy-Merkel :
1)- la proposition de créer un "gouvernement économique de la zone euro" est un pur artifice de présentation puisque celui-ci existe depuis 14 ans.
2) - la proposition de "taxe sur les transactions financières" vient d'être enterrée par Londres.
3) - la proposition de "règle d'or" adoptée avant fin 2012 n'est qu'une petite rouerie politicienne que Sarkozy a obtenue de Mme Merkel à des fins de politique intérieure.
Il s'agit de mettre le PS dans l'embarras puisque les dirigeants socialistes ont déjà fait savoir qu'il voteraient contre l'inscription de cette règle dans la Constitution (et ils ont d'ailleurs raison de s'y refuser). Cela n'a rien de grandiose, et n'aura à peu près aucun impact concret sur la situation de l'euro.
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Annoncé à grand sons de trompe par les médias aux ordres, ce "Sommet" n'a accouché, je le redis et le confirme, que d'un souriceau mort-né.
N'en déplaise au médias européistes et alter-européistes, la seule décision concrète et importante de la rencontre Sarkozy-Merkel a bien été de ne pas créer des euro-obligations.

François Asselineau"

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