L’aide apporte à la Grèce est certes conditionnée par des exigences chaque fois plus rigoureuses ; mais personne ne pense plus sérieusement que ces exigences, qui surpassent largement les capacités de l’économie et de la société grecque, seront jamais satisfaites.
En fait, ces exigences servent surtout à sauver la face des principaux décideurs. (...)
Pourquoi cette comédie ?
D’abord, parce que les dirigeants occidentaux peuvent légitimement craindre que l’effondrement de la Grèce (qui pèse tout de même plus que Lehman Brothers) ait des conséquences incalculables et cela, bien au-delà de l’Europe. Cet effondrement peut relancer la crise mondiale, provoquer une nouvelle panique boursière ou bancaire. (...)
En France et en Allemagne, la menace se trouve redoublée du fait de l’engagement des banques auprès de l’Etat grec. La faillite de la Grèce ne serait-elle pas aussi celle du Crédit agricole et de la BNP-Paribas ? (...)
En France et en Allemagne, la menace se trouve redoublée du fait de l’engagement des banques auprès de l’Etat grec. La faillite de la Grèce ne serait-elle pas aussi celle du Crédit agricole et de la BNP-Paribas ? (...)
La crédibilité de la classe politique en cause
Mais par derrière ce qu’il faut bien appeler un acharnement thérapeutique, se trouve aussi le fait que la classe politique de toute l’Europe occidentale a engagé sa crédibilité sur l’euro, comme la classe politique de l’Union soviétique sous Brejnev avait engagé sa crédibilité sur la théorie communiste. (...)
Je demandai une fois à un proche de Sarkozy ce qu’il ferait si l’euro s’effondrait avant mai 2012. Il me répondit tout à trac : « Combien faut-il mettre au pot pour que l’euro tienne jusque là ! ». Etonnante réponse ! Il aurait pu dire : le président est un leader de crise, il saura bien gérer ce genre de situation. Non : le scénario d’une élection présidentielle française après un éclatement de l’euro, pour un certain establishment, est inenvisageable. (;..)
Autre question : qu’est-ce donc qui peut mettre un terme à cette politique de sauvetage à la petite semaine et donc précipiter la fin de l’euro ? Une partie de la réponse réside dans le peuple grec : s’il se révolte de manière si violente que les engagements de son gouvernement perdent toute crédibilité, peut-être la communauté internationale se rendra-t-elle à l’évidence ?
Une autre partie se trouve chez les juristes allemands. Certes, la classe politique allemande est aussi mouillée dans l’euro que la française et, même si elle a l’air de se laisser tirer l’oreille, la chancelière Merkel boira, n’en doutons pas, le calice jusqu’à la lie, pour les mêmes raisons que son homologue français. Une action a toutefois été engagée devant le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe par un groupe d’économistes et de juristes hostiles à l’euro. Le même groupe avait déjà fait admettre à la cour suprême allemande que le droit européen n’était pas opposable à un certain nombre de droits fondamentaux du peuple allemand (alors qu’en France, le Conseil constitutionnel a pris le parti inverse : rien n’est opposable au droit européen). Il essaye maintenant de faire reconnaître, au nom du droit de propriété et donc de la stabilité de la monnaie, que l’aide à la Grèce et aux autres PIIGS est illégale : à la fois contraire au traité de Lisbonne et au droit de propriété, car inflationniste. Jacques Sapir a montré comment le seul moyen de sauver encore quelque temps l’euro était de monétiser la dette des pays les plus vulnérables et donc de lancer l’Europe dans une spirale inflationniste. C’est ce que les Allemands dont nous parlions voudraient interdire. L’affaire a été plaidée le 4 juillet. Si elle aboutit, les mains de la chancelière seront liées.
Je demandai une fois à un proche de Sarkozy ce qu’il ferait si l’euro s’effondrait avant mai 2012. Il me répondit tout à trac : « Combien faut-il mettre au pot pour que l’euro tienne jusque là ! ». Etonnante réponse ! Il aurait pu dire : le président est un leader de crise, il saura bien gérer ce genre de situation. Non : le scénario d’une élection présidentielle française après un éclatement de l’euro, pour un certain establishment, est inenvisageable. (;..)
Autre question : qu’est-ce donc qui peut mettre un terme à cette politique de sauvetage à la petite semaine et donc précipiter la fin de l’euro ? Une partie de la réponse réside dans le peuple grec : s’il se révolte de manière si violente que les engagements de son gouvernement perdent toute crédibilité, peut-être la communauté internationale se rendra-t-elle à l’évidence ?
Une autre partie se trouve chez les juristes allemands. Certes, la classe politique allemande est aussi mouillée dans l’euro que la française et, même si elle a l’air de se laisser tirer l’oreille, la chancelière Merkel boira, n’en doutons pas, le calice jusqu’à la lie, pour les mêmes raisons que son homologue français. Une action a toutefois été engagée devant le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe par un groupe d’économistes et de juristes hostiles à l’euro. Le même groupe avait déjà fait admettre à la cour suprême allemande que le droit européen n’était pas opposable à un certain nombre de droits fondamentaux du peuple allemand (alors qu’en France, le Conseil constitutionnel a pris le parti inverse : rien n’est opposable au droit européen). Il essaye maintenant de faire reconnaître, au nom du droit de propriété et donc de la stabilité de la monnaie, que l’aide à la Grèce et aux autres PIIGS est illégale : à la fois contraire au traité de Lisbonne et au droit de propriété, car inflationniste. Jacques Sapir a montré comment le seul moyen de sauver encore quelque temps l’euro était de monétiser la dette des pays les plus vulnérables et donc de lancer l’Europe dans une spirale inflationniste. C’est ce que les Allemands dont nous parlions voudraient interdire. L’affaire a été plaidée le 4 juillet. Si elle aboutit, les mains de la chancelière seront liées.
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