Tribune de Jean-Louis Denier sur Marianne2.fr. Morceaux choisis :
On ne peut que confondre les deux tant les « grosses » ficelles des scenarii sont les mêmes afin de convaincre (manipuler ?) les opinions publiques de la légitimité d’une intervention armée : un méchant vraiment méchant, de (bien) bonnes intentions, une future guerre juste, (...), l’entregent d’un BHL – promu ministre des Etranges Affaires en lieu et place de Juppé cantonné aux seules Affaires [qui lui sont devenues soudain] Etrangères – dont l’intervention est à l’unisson du soutien apporté jadis, à Bush Jr et à son assaut contre l’Irak, par un Goupil, un Glücksman, un Bruckner ou encore un Kouchner.
QUAND JUPPÉ A LA MÉMOIRE PLUS QUE COURTE
(...) Début mars, en effet, au 20H de TF1, d’abord, en Egypte, ensuite, il n’avait (Juppé) pas de proclamation assez ferme pour signifier, urbi et orbi, que toute intervention en Libye serait contreproductive. Manifestement, et devant les micros de l’ONU, le bombardement aérien est (re)devenu, aussi récemment que soudainement, productif.
Bien que l’armée française soit à la peine en Afghanistan – du fait notamment d’un manque de moyens, par exemple en hélicoptères de transport d’assaut et de combat – on va, comme par miracle, trouver des avions, des équipages, du kérosène, des missiles et autres bombes de précision ... pour aller faire la nique à Kadhafi, lequel, voilà à peine deux ans, avait le droit de planter sa tente en plein Paris !
Ce, sans oublier le coût financier d’une telle opération alors que selon un certain premier ministre, notre pays est en faillite.
On remarquera, ainsi, qu’il est des options stratégiques proprement édifiantes : on distille les moyens au compte-goutte quand il s’agit de mener un conflit d’importance première – car, selon la vérité officielle, l’intervention en Afghanistan permet de prévenir et de protéger la France de toute tentative de terrorisme fomentée par Al-Qaeda – par contre, quand il s’agit d’intervenir en dehors de toute nécessite défensive vitale, on se déclare prêt à mettre le paquet et à frapper sans attendre ... .
SARKOZY : GESTICULER POUR EXISTER
(...)
Cette diplomatie élyséenne hésite entre délire et danger.
Délire : car des armes françaises vont s’abattre sur celui à qui l’on voulait, lors de sa dernière visite sur le sol français, vendre des avions de combat multi-rôles de dernière génération. Que se passerait-il si le marché avait été conclu et honoré ... assisterait-on à un match Rafale contre Rafale ?
Dangereux : car il est tout aussi faux et vain de croire que des frappes aériennes, seules, permettront de résoudre, en totalité, la situation en Libye. La campagne aérienne du Kosovo est là pour le prouver : 79 jours de bombardement n’y apportèrent aucune solution de stabilisation concrète et de règlement politique. Il en sera de même si la Libye « kadhafienne » est frappée. Pire encore, l’on assistera à la partition du pays et à des raids sporadiques des forces loyalistes contre les territoires « libérés » aux mains des insurgés, lesquels réclameront, alors, une intervention terrestre et ce sera un nouvel engrenage, un nouvel Irak si les Occidentaux – notamment les Français - répondent à cet appel ... .
KADHAFI VA SE SOUVENIR QU'IL A SOUTENU LE TERRORISME AVEC SUCCÈS
Le Guide de la Révolution a été, pendant les années 1970 et 1980, un généreux financier et organisateur du terrorisme international. Nul doute que s’il subit les affres de frappes aériennes, il reprendra ses habitudes et contact étroits avec la Syrie et l’Iran voire, et alors qu’il accuse cette organisation de lui avoir nui, ouvrira ses frontières à l’AQMI, filiale maghrébine d’Al-Qaeda.
Dotées de frontières communes avec l’Algérie, le Niger, le Tchad, le Soudan et l’Egypte, la Libye est, de ce point de vue, un espace plus qu’intéressant pour l’AQMI : on peut s’y entraîner, on peut y manœuvrer pour s’infiltrer, on peut s’y replier après avoir frappé tout autour.
Par ailleurs, la Jamahiriya libyenne dispose de suffisamment de représentations diplomatiques à l’étranger pour organiser et/ou téléguider, de-ci, de-là, l’un ou l’autre attentat ... contre un centrale nucléaire notamment.
Et où justement ... ?
En France.
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